Introduction
Participant à un atelier d’intelligence collective avec Atout DSI, intitulé « Comment intégrer l’impact environnemental dans la qualification d’un projet IT ? », nous vous partageons notre projet de calculatrice environnementale de projets numériques.
En matière de maturité environnementale, l’éventail est maximal.
Chez les DSI, la diversité des situations et maturités n’a jamais été aussi grande. D’un côté, des entreprises, souvent d’une certaine taille, ont mis en place des plans stratégiques et des actions opérationnelles qui donnent aujourd’hui des résultats mesurables. De l’autre, certains DSI sont encore loin d’activer la démarche.
C’est une question de moyens alloués et de volonté stratégique bien sûr mais aussi une question d’engagements individuels.
L’exemple de Jacques Patron, DSI de Schenker France, le prouve. (découvrez sa démarche dans le webinaire Green IT : comment construire une roadmap structurée et pragmatique ?)
En matière d’écoconception, les projets sont encore peu avancés mais sont à l’ordre du jour pour 2024/2025. Certaines entreprises ont déjà mis en place un Return of Investment (ROI) environnemental des projets au sein de leur organisation informatique.
L’éco-conception IT, une vision holistique de l’empreinte environnementale applicable à chaque phase des projets
Commençons par une définition : l’éco-conception est la « démarche d’amélioration continue qui vise à limiter les ressources informatiques et énergétiques au niveau du terminal utilisateur, du réseau et du datacenter. »
L’éco-conception implique d’incorporer la préservation de l’environnement dès la phase de conception. Son but est de minimiser les impacts environnementaux des produits ou services tout au long de leur cycle de vie, incluant l’extraction des matières premières, la production, la distribution, l’utilisation et la fin de vie. Elle se distingue par une approche holistique de ces impacts environnementaux qui prend en considération les différentes phases du cycle de vie.
Avant de se lancer dans une démarche d’éco-conception, il est nécessaire de comprendre les enjeux globaux via une sensibilisation sur l’empreinte environnementale du numérique (notamment sur les sources d’émissions de l’IT et leur part dans l’empreinte globale du numérique, l’importance des émissions évitées mais également la prise en compte des effets rebonds…).
Lucas Leschave , Chief of Staff d’IJO, partage sa vision de l’éco-conception IT.
« Le principe de l’éco-conception invite à changer de paradigme : passer d’un modèle où l’accent est principalement mis sur la réduction des coûts économiques de l’information à un modèle reconnaissant l’importance de réduire son empreinte environnementale.
Auparavant, l’objectif principal était de rendre l’information économiquement accessible, ce qui impliquait souvent une utilisation intensive des ressources et de l’énergie. Le nouveau paradigme intègre la durabilité environnementale comme une considération fondamentale.
La conception environnementale des services numériques va bien au-delà d’une optimisation de l’efficacité ou de la performance. Elle englobe une réflexion plus large sur l’utilisation des technologies. Avant toute mise en application, il est essentiel de se questionner sur la justification du service numérique. Est-ce que ce service numérique est nécessaire et répond à des besoins essentiels ? »
Comment mesurer l’impact environnemental d’un projet IT : la calculatrice environnementale, mythe ou réalité ?
Une démarche d’éco-conception nécessite d’évaluer concrètement l’impact des composantes d’un projet sur le climat en BUILD et en RUN. Partir de données objectives et opérationnelles pour explorer les pistes d’amélioration de l’impact des projets : le choix des fournisseurs, la location des équipes externes, etc. Disposer de données fiables, exhaustives, les évaluer et les comparer sans alourdir le processus de gestion de projets de la DSI : ceci semble indispensable mais complexe. Le pôle de recherche d’IJO s’est attaqué à ce challenge et finalise actuellement la préparation d’une calculatrice environnementale.
Victor Lambert, consultant senior chez IJO explique :
« L’éco-conception des projets IT est une affaire de choix : choisir de limiter l’application aux fonctionnalités essentielles, choisir de faire évoluer son infrastructure vers un modèle plus sobre, choisir des solutions hébergées chez des cloud providers responsables…. La calculatrice d’impact projets est un outil d’aide à la décision qui permettra d’évaluer l’empreinte d’un projet puis de travailler pour la réduire.
Nous allons mettre à disposition un score qualitatif pour chaque projet selon des critères d’éco-conception. Ce score permettra la comparaison de l’empreinte environnementale des projets, pour choisir les projets en tenant compte des contraintes environnementales. Cette calculatrice permettra la compréhension de l’impact d’un projet IT sur l’environnement à travers l’intégration de l’ensemble des postes d’émissions. Elle permettra aussi aux équipes de mieux prendre en compte les sujets environnementaux et de contribuer aux efforts de réduction de l’impact de l’entreprise. Elle contribuera enfin au partage de bonnes pratiques pour maîtriser l’impact d’un projet IT tout au long de son cycle de vie.
Fonctionnement de la calculatrice environnementale
Le prérequis est d’avoir un outil qui présente une vue exhaustive des impacts du Build et du Run : quantifier l’empreinte des utilisateurs finaux en plus de l’empreinte propre au projet. En effet, l’utilisation peut générer des impacts environnementaux importants. Par exemple, pour les applications grand public, l’usage nécessite la mobilisation massive de terminaux et d’infrastructure réseaux.
« La calculatrice d’impact projets développée par IJO mesurera dans un premier temps l’empreinte carbone d’un projet. Mais nous prévoyons d’ores et déjà d’intégrer d’autres indicateurs pour fournir une vue plus complète de l’empreinte environnementale. Des indicateurs comme la consommation en eau ou l’empreinte matière sont en ce moment à l’étude.
Victor Lambert, Consultant Senior IJO
A terme, IJO souhaite également apporter un nouvel éclairage sur les émissions évitées, c’est-à-dire les réductions d’émission réalisées en dehors du périmètre d’activité de l’organisation qui déploie le projet. »
En second lieu, la calculatrice d’impact projets permettra de tester des scenarii et d’étudier différentes options concernant l’organisation d’un projet. On pourrait par exemple observer les variations d’impacts entre l’intégration d’une solution SaaS et d’un logiciel on-premise, ou encore comparer l’empreinte de différentes fonctionnalités applicatives. Cette comparaison de scenarii permettra l’identification d’un scénario idéal qui minimise l’empreinte du projet tout en maximisant la satisfaction des besoins des utilisateurs.
Pour l’avenir…
A long terme, on peut espérer que l’empreinte environnementale d’un projet deviendra un indicateur important pour la gestion de projet au même titre que la sécurité et le coût financier.
Et que la résolution des problématiques de mesure permettra de faciliter l’engagement de toutes les entreprises sur la réduction d’impact environnemental de l’IT. Car la mesure, c’est bien. Mais elle doit être mise au service de l’action.